Nuage immatériel de verre, d’acier et d’inox
Le bâtiment en forme de couronne s’articule autour de deux cours principales à ciel ouvert, dont l’une, dénommée cour de l’Intendant, qui servira de point de départ aux circuits de visite, a été remaniée de façon spectaculaire. Et c’est l’architecte et ingénieur britannique Hugh Dutton, ancien associé du groupe RFR, qui en a conçu la « couverture », en collaboration avec Christophe Bottineau (ACMH). Selon Hugh Dutton, « cette cour était triste et peu éclairée, les rayons du soleil ne l’atteignant même pas en hiver. » D’où l’impérieuse nécessité de capter la lumière naturelle zénithale au cœur de ce volume en hauteur, qui a conduit à réaliser de nombreuses mesures d’ensoleillement sur une année entière, afin d’optimiser les capacités de la verrière à éclairer de façon naturelle la cour. Est alors apparue l’idée d’une verrière pyramidale (330 m²) qui, imaginée comme un lustre géant en verre, s’inspire des lustres à cristaux d’époque installés dans le salon d’honneur de l’édifice. À ce sujet, Christophe Bottineau (ACMH) précise que « les pampilles en cristal jouent un rôle plus fonctionnel que décoratif, dans la mesure où elles démultiplient la lumière qui est renvoyée dans la pièce. Cette idée du cristal dans la forme et l’usage de cette verrière s’est donc imposée d’elle-même. » À partir de l’observation du travail de taille des cristaux et des pierres des joailliers, les deux architectes ont imaginé et dessiné ensemble « un objet sculptural en trois dimensions. », proche d’un diamant taillé. Afin de donner l’aspect d’une suspension aérienne, rappelant un nuage immatériel, la conception et la mise en œuvre de cet ouvrage contemporain atypique complexe, en forme de losange, a représenté un vrai défi technique.
Un jeu de miroirs à géométrie variable
Mesurant 20 m de long et 15 m de large, cette verrière s’adapte à la configuration de la cour et s’accroche à une poutre périmétrique fixée au niveau des corniches du troisième étage, masquant une surélévation datant du XIXè siècle. Arrimée à 19,50 m de hauteur, elle vient coiffer et illuminer la cour de ses reflets multiples, tout en la protégeant des intempéries. Mais la singularité de cette verrière de 70 t tient surtout à sa conception structurelle qui superpose cinq couches de matériaux et de modénatures diversifiés, associant le verre, à l’acier et à l’inox. En partie haute, la nappe calepinée en verre extra-clair comporte de grands vitrages triangulaires inclinés de 11 m de long, reposant sur une structure à lames d’acier qui, sous-tendue par des tirants, est habillée de 54 tôles continues en inox. D’une épaisseur de 1,5 mm, ces tôles de nuance Aperam 304L mesurent chacune 2 m par 4 m et couvrent une surface de 432 m2, pour un poids de 5,1 tonnes. Présentant un aspect poli miroir (Uginox Meca 7D) à fort pouvoir réfléchissant, ces plaques d’inox créent un jeu de miroirs à géométrie variable qui « dissimule la trame structurelle de l’ossature en acier et, par là-même, diminue l’impact de sa silhouette en contre-jour par les réflexions qu’il génère. », ajoute Hugh Dutton. Acoustique oblige, ces éléments en inox poli miroir sont pleins au centre de la verrière et perforés à 60% sur les côtés. Mis en place sur le pourtour, ce dispositif est complété par la pose d’un isolant acoustique. Sous la structure en acier, sont suspendues des lamelles de verre translucide réparties radialement pour diffuser une lumière douce en partie basse de la cour.